La santé digitale comme expérience

L’équipe Global Design de GE Healthcare rassemble des concepteurs et des chercheurs étudiant l’innovation, la technologie et le comportement social.

L’équipe, qui concevait à l’origine des équipements médicaux, a étendu son intervention aux espaces, puis à l’expérience des patients et du personnel médical. Interview de Marie Bachoc, Design Thinking Program Manager, GE Healthcare.

Sur quel type d’innovations comportementales travaillez-vous ?

Nous étudions par exemple la création d’une relation naturelle entre le patient et l’hôpital. Un patient sans connexion avec l’hôpital est moins susceptible de s’y rendre et moins enclin à être proactif vis-à-vis de sa santé. Nous examinons le processus à tout moment de la visite, et essayons de supprimer les frictions que peut rencontrer un patient au cours de son parcours.

De la maison à l’hôpital, en passant par l’enregistrement, le séjour, la sortie, le retour au domicile car toutes ces phases peuvent être reliées de manière fluide. Le lien naturel, c’est aussi la transmission d’une information utile et contextualisée pour les utilisateurs. Par exemple, la réalité virtuelle peut rendre le patient plus actif dans la compréhension des procédures médicales, et aider à expliquer le diagnostic, en personnalisant le message en fonction de son âge, de sa culture et de l’endroit où il vit.

Corporate Report > 2018 > We are where care becomes personalized > Digital health as an experience > Image > Dassault Systèmes®

La localisation et l’accès aux soins sont en effet importants en matière de cartographie médicale...

Absolument ! L’idée est ici de rendre les soins accessibles partout. Beaucoup d’innovations concernent la télémédecine et les accessoires connectés. Il y a quelques années, nous avons conçu une solution innovante d’échographie portable appelée “Vscan”, et nous continuons à explorer des solutions pour rendre la santé beaucoup plus mobile et accessible. De façon complémentaire, nous travaillons sur la géolocalisation à l’intérieur de l’hôpital, afin que les patients sachent exactement où ils doivent se rendre et à quel moment. Il s’agit également de repenser l’espace, afin de mieux organiser des parcours de soins intégrés et adaptés à une pathologie spécifique, pour effectuer tous les examens requis en une journée. On peut ainsi supprimer les temps d’attente, y compris pour l’obtention des résultats, qui sont en général source d’anxiété.

Nous examinons les manières d’utiliser la réalité virtuelle pour rendre le patient plus actif dans la compréhension des procédures médicales.

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Marie Bachoc

Design Thinking Program Manager

Lorsqu’on évoque le parcours de soins, on pense aussi à la collaboration des différents spécialistes autour du patient...

C’est en effet le domaine de l’intelligence collective et la manière dont nous pouvons tirer parti du pouvoir de la communauté et des données. Le jumeau numérique du patient, rassemblant tout l’historique et toutes les données médicales, pourrait être accessible à tout moment et à distance par l’équipe médicale et les différents spécialistes. On peut envisager la même chose pour un équipement. Ce serait un bon moyen de connaître exactement l’état d’un dispositif technique, et la façon de l’améliorer. Toutes les données collectées à partir de ces jumeaux numériques, toute cette intelligence augmentée pourrait fournir des modèles prédictifs, et proposer une aide à la décision clinique. Ces données peuvent être collectées à partir de nombreuses sources.

des citoyens estiment que les plans de santé préventifs personnalisés auront un impact sur la gestion de la santé en 2030.

(Source: Frost & Sullivan)

Cela ne pose-t-il pas un problème de confidentialité ?

Bien sûr, car ces données personnelles sont très sensibles. Mais en assurant leur anonymat, on peut créer un marché de données, un lieu où elles pourraient être partagées et transférées, voire vendues et achetées par les acteurs de l’industrie médicale. Nous devons comprendre dans quel contexte les données ont été générées pour pouvoir les utiliser, mais il est inutile de savoir à qui elles se rapportent. L’anonymat serait donc un moyen de les utiliser comme une source de connaissances et d’expertise. Ce sont là quelques exemples de domaines que nous trouvons prometteurs.

Au fond, nous sommes passés d’un modèle axé sur les produits à un modèle axé sur les flux de travail et les processus. Dans les solutions que nous développons, nous sommes de plus en plus inclusifs et collaboratifs, car elles sont utilisées à la fois par les patients et par le personnel médical. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à travailler dans cette direction, et c’est une bonne nouvelle ! Il existe de nombreuses opportunités pour améliorer l’expérience des patients et des soignants dans les hôpitaux.

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