Des opportunities fantastiques pour l'industrie automobile

Voiture électrique, connectée, autonome, à la demande, partagée... la mobilité va connaître de profonds bouleversements dans les dix ans à venir.

Olivier Sappin, VP Transportation & Mobility de Dassault Systèmes, éclaire les évolutions en cours.

Soyons provocateurs : l’automobile a-t-elle encore un avenir ?

La question vaut en effet d’être posée. J’ai grandi dans la campagne française où la voiture était et reste synonyme de liberté de circuler partout, à tout moment. Je suis ingénieur en mécanique, je conduis un coupé sport, et je suis fan d’automobile. Malgré cela, vivant en banlieue parisienne, je me rends au travail à vélo. C’est certains jours plus rapide que la voiture, et, le week-end, les transports en commun sont le meilleur moyen pour accéder au centre de Paris. À l’étranger, j’utilise des avions et des trains, qui ont l’inconvénient de vous emmener d’un lieu où vous ne vivez pas à un lieu qui n’est pas votre destination finale. C’est pourquoi les voitures, à la condition qu’elles deviennent autonomes et propres, pourraient constituer le meilleur système de transport du futur.

Pourquoi parlez-vous de “système de transport” ?

Parce que les silos traditionnels de l’industrie sont en train de disparaître. Les innovations en matière de mobilité sont omniprésentes, dans le domaine des véhicules à quatre roues, mais aussi dans d’autres modes de transport. Joby est par exemple un avion à décollage vertical destiné aux zones urbaines, Easymile ou Navya sont des navettes autonomes, Airbus et Audi sont associés pour développer POP.UP, un concept car volant.

Tout semble possible, et cela génère une immense vague de créativité, où les catégories de l’industrie, comme les attentes traditionnelles des consommateurs, sont dépassées

Les silos traditionnels de l’industrie sont en train de disparaître.Avec les plateformes, une nouvelle définitionde la chaîne de valeur commence à émerger.

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Olivier Sappin

VP Transportation & Mobility de Dassault Systèmes

Quel rôle les univers virtuels jouent-ils dans cette transformation ?

Les plateformes de collaboration et les univers virtuels aident les innovateurs à transformer leurs idées en vrais concepts pouvant être fabriqués par d’autres. La fabrique de ces idées serait une gigantesque place de marché, également virtuelle, dédiée à l’ingénierie et à la fabrication. Les innovateurs y rencontreraient les entreprises qui produiraient les véhicules imaginés.

Depuis cent ans, le prix du ticket d’entrée dans le club fermé des constructeurs automobiles était très élevé, en raison de la complexité technique et des niveaux d’investissements et de capital immobilisé nécessaires, mais cela n’a pas toujours été le cas : au XIXe siècle, les innovateurs concevaient des machines folles, comme aujourd’hui les start-up. Aujourd’hui, avec les plateformes, une nouvelle définition de la chaîne de valeur commence à émerger, et de nouveaux acteurs apparaissent dans la Silicon Valley, en Chine et en Europe.

Tesla constitue le symbole de cette transformation. Le prototypage virtuel change la donne, car l’ingénierie aérodynamique numérique est plus précise que les tests physiques réalisés en soufflerie, et à l’échelle nanométrique, la simulation prédit exactement le comportement des nouveaux matériaux.

Qu’en est-il des véhicules autonomes ?

La simulation combinant le comportement du véhicule, la modélisation de capteurs et l’impact de la circulation est encore en cours de développement, mais réduit déjà considérablement les temps de cycle, et permet de tester des millions d’alternatives dès la phase de conception : pluie ou temps sec, nuit ou journée, avec ou sans cycliste sur la chaussée... Les voitures autonomes arriveront très bientôt, et seront plus sûres que celles conduites par des humains. Et la puissance de calcul servira à concevoir les meilleurs composants en intégrant de nouveaux critères de performance.

S’agit-il d’optimiser le design des différents éléments d’un véhicule ?

On peut en effet réduire de 50 % la masse d’une pièce, uniquement en optimisant sa conception, ce qui permet un meilleur rendement énergétique et un coût de production inférieur. Ces pièces d’apparence organique, trop complexes à mouler ou usiner peuvent enfin être produites grâce à la fabrication additive et l’impression 3D.

Cette approche va générer une rupture complète de la chaîne de valeur automobile. La propriété intellectuelle résidera désormais dans la définition numérique de la voiture qui pourra être fabriquée n’importe où, et personnalisée comme jamais auparavant. Cela ressemble à de la science-fiction, mais ce n’est pas le cas, c’est l’avenir de l’industrie automobile, et il commence aujourd’hui.

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